Enjoy The Silence...: Les [M]ystères du Château d'Udolphe

11 février 2008

Les [M]ystères du Château d'Udolphe

Ann Radcliffe eut-elle réellement un goût immodéré pour les tranches de bœuf cru, source d’affreux cauchemars inspirateurs ? L’histoire de la littérature fantastique n’a pas tranché. La fulgurante carrière de l’auteur en revanche, ne fait aucun doute : six ans pour trois romans promis au succès – Le Roman de la forêt (1791), Les Mystères d’Udolphe (1794), et L’Italien (1797).

Ici, le fantastique donne toute sa mesure, pas de voix d’outre-tombe, de musique éthérée, de cadavres sanglants, de folie furieuse, de séquestration abusive, d’amours contrariées, de faux héros démasqués qui ne manquent à l’appel de ces mystères.


Mais là où, dans le schéma canonique du genre, l’explication surnaturelle voire l’absence d’explication constituent la tension de la narration, Ann Radcliffe détourne le fantastique pour expliquer rationnellement certains phénomènes étranges. Au souvenir persistant de ses troublantes architectures piranésiennes se mêle le sentiment d’avoir été le jouet d’une brillante illusionniste.

“Une visite au Mont-Saint-Michel est un plaisir du même genre que celui qu’on prend à lire un roman d’Ann Radcliffe. Vous montez, vous descendez, vous changez à chaque instant de niveau, vous suivez des couloirs obscurs (…) sous ces ogives où semblent s’accrocher de leurs ongles les chauves-souris de Goya” T. Gautier.

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